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#33340 par benjamin
26 juil. 2013, 14:02
Bonjour,

J'écris une série depuis que j'ai 13 ans. J'en ai 28. Il y a actuellement 364 épisodes de 47 pages chacun. Parmi mes grosses inspirations, il y a Urasawa (24 aussi), je parle de la forme, du découpage, du développement des persos secondaires etc.

Dans mon réseau, ça marche plutôt bien. Ca se lit rapidement (c'est scripté) et ça coupe toujours avec l'envie de connaître la suite. Enfin, c'est le but.

Je voulais vous faire découvrir mon travail. J'espère que ça pourra intéresser au moins une personne. Pour commencer, je pensais vous proposer un épisode tout simple pour que vous voyez le concept et vous familiariser avec le héros. Certains épisodes sont relativement indépendants, puis il y a les arcs et enfin les sagas. Et là... Mais bon, commençons gentiment.

Voici un épisode de la saison 10. Je le poste en séquence. Isabelle est la grand-mère du héros. Cet épisode fait partie de l'arc voyage dans le temps mais il a l'avantage de ne demander aucune connaissance particulière. C'est la première fois que Isabelle est mise en tête d'affiche.

La série s'appelle 1997. Là, on est en 1957.

Ces textes datent d'il y a 4 ans.

L'idéal serait de centrer le texte comme au théâtre mais ça n'a pas l'air faisable.






Jacob Febvre, voix adulte, off

« Chase

1933. Première série de meurtres barbares commis par Bernard Febvre, à Cap Rouge, au Canada. La police cache la vérité à la presse et ne parle que de mystérieuses disparitions. Des témoins évoquent la silhouette d’un inconnu à cape rouge aperçu au moment des meurtres. D’autres parlent d’un individu à tête de loup. Cape Blanche se matérialise en 1937...

Castel 47

Octobre 1947. Isabelle et Bertrand Febvre habitent le Castel. Ils vont avoir leur premier enfant mais...

Dix ans plus tard… »



Février 1957.
Cannes. Impasse de Bayeux.

Isabelle Febvre en tailleur blanc, les mains gantées, est assise devant un bureau. Face à elle, une Mère Supérieure lui tend un porte-document.

Mère Supérieure
Voici quelques informations sur notre école de jeunes filles, Madame Febvre. Vous y trouverez tous les renseignements dont vous aurez besoin. Le nombre de chambres de notre internat, le nom de vos élèves, un plan du bâtiment…

Isabelle Febvre
Je vous remercie, Révérende Mère.

Isabelle s’empare du porte-document.

Mère Supérieure
Toutes nos jeunes filles sont issues de la noblesse. Quelques-unes de la haute-bourgeoisie. Vous devez parler à chacune d’entre elles avec leur respect qui leur est dû.

Isabelle Febvre
Je comprends.

Mère Supérieure
Elles, en revanche, ne vous parlerons pas. Elles n’y sont pas autorisées.

Isabelle Febvre
Cela ne va pas faciliter les cours que je vais leur donner.

Mère Supérieure
Les nonnes y parviennent sans mal. Vous trouverez un moyen.

Isabelle Febvre
Mais à vous, les jeunes filles peuvent-elles parler ?

Mère supérieure
Evidemment.

Isabelle Febvre
Pourquoi cette règle ?

Mère Supérieure
La parole est source de bien des maux.

Isabelle Febvre
Il est vrai…

Mère supérieure
Mais n’ayez crainte ! Les filles se parlent entre elles dans la cour de récréation ou dans leur dortoir.

Isabelle Febvre
Me voilà rassurée.

Mère Supérieure
Et si les règles que j’ai instaurées vous déplaisent, Madame Febvre, rappelez-vous que vous n’êtes parmi nous que pour un mois, tout au plus. D’ici là, l’évêque aura trouvé une remplaçante à sœur Marie-Geneviève.

Isabelle Febvre
Puis-je vous poser une question, Révérende Mère ?

Mère Supérieure
Faîtes !

Isabelle Febvre
Pourquoi avez-vous songé à moi pour faire office de remplaçante ?

Mère Supérieure
Cela vous poserait-il un problème ?

Isabelle Febvre
Non, c’est que la lettre que vous m’avez envoyée et que j’aie reçue jeudi m’a décontenancée. Je n’ai pas le diplôme requis pour enseigner.

Mère Supérieure
Vous avez le niveau suffisant si je le décide. Cette école est hors-contrat.
Les règles imposées par l’Etat ne s’y appliquent pas.

Isabelle Febvre
Mais justement, comment pouvez-vous juger de mes capacités ?

Mère Supérieure
Vous écrivez des romans et vous êtes publiée. Vous avez donc un bon profil littéraire. Vous êtes la mère de sept enfants et vous allez à la messe chaque dimanche. Vous êtes donc une croyante pratiquante. C’est tout ce que je cherche.

Isabelle Febvre
C’est à mon statut social que je dois cette place…

Mère Supérieure
C’est principalement grâce à lui que vous êtes ici. Votre mari n’est-il pas Franc-Maçon ?

Isabelle Febvre
Je… Vous comprendrez que je sois plutôt discrète sur le sujet.

Mère Supérieure
Vous n’avez pas à me répondre. Je suis au courant de ce genre de
choses… Mais permettez-moi de vous retourner la question, Madame Febvre : pourquoi avez-vous accepté ma proposition ?

Isabelle Febvre
Il est vrai que je suis très occupée avec mes enfants tous en bas âge… J’avais besoin de m’éloigner du Castel quelque temps.

Mère Supérieure
Je vois… Vous connaissez quelques problèmes de couple, n’est-ce pas ?

Isabelle Febvre
Révérende Mère ! Je suis surprise par votre question !

Mère Supérieure
Pourquoi cela ? Je me renseigne, c’est tout. Et puis, quel couple ne connait pas de crises ?

Isabelle Febvre
Eh bien, il est vrai que mon mari a un caractère difficile.

Mère Supérieure
Est-ce qu’il vous frappe ?

Isabelle Febvre
Non, voyons !

Mère Supérieure
Vraiment ?

Isabelle Febvre
Oui, je vous assure, il n’a jamais levé la main sur moi.

Mère Supérieure
Et vos enfants ? Les a-t-il touchés ?

Isabelle Febvre
Qu’entendez-vous par là ?

Mère Supérieure
Vous m’avez parfaitement comprise. Ne prétendez pas le contraire.

Isabelle Febvre
Mon mari aime ses enfants comme n’importe quel père.

Mère Supérieure
Ce n’est pas ce que j’ai entendu dire…

Isabelle Febvre
Je vous demande pardon ?

Mère Supérieure
Vous savez, Madame Febvre, il n’y pas plus bavard que des prêtres… Et votre mari se confesse de temps à autre…

Isabelle Febvre
Vous voulez dire…

Mère Supérieure
Les rumeurs vont bon train sur ce qu’il se passerait au Castel.

Isabelle Febvre
J’ignore ce qu’on vous a dit mais tout est faux !

Mère Supérieure
Bien sûr… Si vous le dîtes, vous êtes la personne la mieux placée pour savoir ce qu’il se passe réellement au château.

Isabelle se lève en tenant le porte-document contre elle.

Isabelle Febvre
Je vais me retirer, Révérende Mère. Je dois visiter les lieux…

Mère Supérieure
Mais je vous en prie, Madame Febvre…

Isabelle traverse la pièce et s’approche de la porte. Elle pose sa main droite sur la poignée.

Mère Supérieure
Isabelle ? Vous permettez que je vous appelle Isabelle ?

Isabelle hoche la tête et ouvre la porte.

Mère Supérieure
Si d’aventure, vous changiez d’avis, Isabelle, je serais prête à vous écouter. En remerciement du temps que vous allez consacrer à nos jeunes filles.

Isabelle Febvre
Cela ne sera pas utile, Révérende Mère. La vie au Castel est ce qu’elle est mais il ne s’y déroule pas toutes ces choses que vous venez de sous-entendre.

Mère Supérieure
Je n’ai pas d’autre choix que de vous croire.

Isabelle Febvre
Ne parlez pas ainsi… Je vous assure que rien de terrible ne se passe au Castel. Je suis la mère de ses enfants, je ne laisserai jamais rien leur arriver.

Mère Supérieure
Si toutes les mères veillaient sur leurs petits, le monde serait moins triste…

Isabelle Febvre
Je veille sur mes enfants.

Mère Supérieure
Mais que peut faire une femme seule contre un mari violent ?

Isabelle Febvre
Elle se bat, j’imagine. Ou elle fuit…

Mère Supérieure
En quittant la demeure familiale comme vous venez de le faire ? Avez-vous seulement pensé à ce qu’il adviendra de vos enfants restés seuls
avec votre mari ?

Isabelle verse une larme et ferme la porte.
#33341 par Raimaru
26 juil. 2013, 15:48
Ça se lit bien, j'ai fait défiler le curseur assez rapidement parce que j'étais pris par le dialogue.

Après... ça reste du teasing ce que tu fais là :p
Si j'ai bien compris, on en est à la saison 10 et je ne connais rien des personnages, donc je suis complètement paumé.

Tu n'as pas un genre de site ou de blog où tu mets à jour les chapitres ? Ça va être difficile de tout poster là ;)
#33343 par benjamin
26 juil. 2013, 16:12
Qu'est-ce que c'est du teasing ?

Pour le fait de ne pas connaître Isabelle, ce n'est pas grave. La mère sup, c'est sa première apparition. Son mari, tout ça, ce n'est pas important non plus pour cet ep. C'est surtout pour faire le lien avec le précédent. L'épisode s'appelle CARAMEL. J'avais oublié de le préciser.

Si ça n'embête pas, je préfère poster là que sur un blog.





Février 1957.
Cannes. Impasse de Bayeux.

Isabelle Febvre entre dans une salle de classe. Une petite fille noire d’une dizaine d’années, en blouse d’écolière, y est assise. Elle lit un roman en mangeant des caramels.

Isabelle Febvre
Bonjour…

La jeune fille lève la tête et sourit à Isabelle.

Isabelle Febvre
Je m’appelle Madame Febvre. Je suis votre nouvelle institutrice…

La jeune fille tend un caramel à Isabelle.

Isabelle Febvre
C’est pour moi ? Merci beaucoup. Je le prends.

Isabelle s’empare du caramel et le mange.

Isabelle Febvre
Il est délicieux !

La jeune fille ferme son roman.

Isabelle Febvre
Mais… Que faîtes-vous ici, toute seule ?

La jeune fille se lève.

Isabelle Febvre
Vous n’avez pas de petites amies avec qui parler ?

La jeune fille hausse les épaules.

Isabelle Febvre
Ma pauvre petite… Comme la semaine doit être bien difficile à supporter pour vous… J’ai été pensionnaire dans une école de jeunes filles au Canada. Je sais ce que vous endurez… Pourquoi les autres enfants ne vous parlent-elles pas ?

La jeune fille lève son index pour montrer son visage.

Isabelle Febvre
C’est à cause de la couleur de votre peau ?

La jeune fille hoche la tête.

Isabelle Febvre
Je parlerai à ces jeunes filles ! Je leur dirai ma façon de penser !

La jeune fille saisit les mains de Isabelle.

Jeune fille
S’il vous plaît, Madame Febvre, ne faîtes pas cela !

Isabelle Febvre
Vous n’avez pas le droit de me parler, ma petite… Si quelqu’un vous entendait…

Jeune fille
Je romps mon silence pour vous supplier de ne rien dire.

Isabelle Febvre
Très bien, je ne dirai rien. Mais il faudrait pourtant changer leur comportement.

Jeune fille
Je suis noire… Rien d’autre n’a d’importance à leurs yeux. Les jeunes filles ne m’aiment pas car je suis différente.

Isabelle Febvre
Moi, je vous considère depuis notre rencontre comme n’importe quel élève.

Jeune fille
Merci…

La jeune fille se dirige vers la porte. Avant de la franchir, elle se tourne
vers Isabelle.

Jeune fille
Je m’appelle Durha. Cela signifie perle, dans ma langue natale…

Isabelle Febvre
Ravie de faire votre connaissance, Durha.

Durha
Avant de venir ici, j’étais fière de porter ce prénom.

Isabelle Febvre
Les choses ont changé, si je comprends bien… Pourquoi ? Vos camarades se moquent de votre prénom ?

Durha
Non… Elles ne m’appellent même pas ainsi.

Isabelle Febvre
Elles vous ont trouvé un surnom, si je comprends bien.

Durha
Oui, pour elles toutes, je suis Caramel…

Isabelle Febvre
Pourquoi ? Parce que vous aimez en manger ?

Durha
Si seulement…

Isabelle Febvre
Il y a une autre raison, n’est-ce pas ?

Durha
Elles disent… Elles disent que je suis comme un morceau de sucre blanc que l’on aurait trop chauffé au-dessus de la flamme d’une bougie. J’ai noirci.

Isabelle Febvre
Ces paroles sont idiotes. Essayez de ne pas en tenir compte, Durha.

Durha fait la moue et quitte la salle de classe. Elle fait tomber un caramel. Isabelle le ramasse.
#33344 par Raimaru
26 juil. 2013, 16:16
Qu'est-ce que c'est du teasing ?
Un genre de bande-annonce, un extrait quoi.
#33346 par Arale
26 juil. 2013, 18:32
Ça se lit plutôt bien et j'ai assez envie de lire la suite !!
Par contre j'ai pas compris un truc, ton histoire tu l'écris directement sur format papier ou sur un traitement de texte (windows ou autre) ?
#33349 par benjamin
26 juil. 2013, 18:47
Je l'écris sur word mais je centre les dialogues (comme Shakespeare ou Molière). Ca rend moins aligné à droite.

C'est vraiment très simple comme histoire mais vous voyez, Isabelle est un perso secondaire comme Dieter ou les parents adoptifs Anna. A la Urasawa, enfin, j'essaie : je lui cède trois épisodes (dans l'arc : Les nouvelles de Isabelle).

Comme lui, je voyage dans le temps pour raconter mon histoire. Comme lui, j'ai plusieurs héros et je voyage à travers les pays. Comme lui, il y a tout un jeu qui consiste à savoir qui est sous les masques Cape Blanche (4), Cape Rouge (7), Cape Bleue. Et comme lui : pas de sexe.

Je ne m'inspire pas que de lui mais il est fondateur pour moi de ma structure. J'ai appris les cliffhanger grace à la TV mais le découpage, les dialogues, tout ça, c'est lui.

Le côté racisme aussi (des thèmes de société).

Mais en plus, il y a tout le côté super héros, romance et mystère à la Lost.

Même si maintenant, je fais toujours du mystère mais dans du Disney, des épisodes au soleil, du rire....




Février 1957. Soir.
Cannes. Impasse de Bayeux.

Isabelle Febvre traverse la cour de récréation. Elle s’assied sur un banc, le bonbon entre ses mains. Un homme d’une soixantaine d’années s’approche d’elle. Il porte une salopette bleue. Il neige. Le centre de la cour est gelé.

Intendant
Madame Febvre ? Puis-je vous déranger un instant ?

Isabelle Febvre
Cette voix… Mon Dieu, René, est-ce vous ?

René, le jardinier de l’épisode précédent s’assied à côté d’elle.

René
Cela me fait très plaisir de vous revoir Isabelle. Quand j’ai appris que
vous étiez ici, j’ai voulu immédiatement venir vous voir mais la Mère Supérieure m’a surchargé de travail. Je crois qu’elle connait mes
sentiments pour vous…

Isabelle Febvre
Comment le pourrait-elle ?

René
Cette institution n’est pas qu’une école… Il s’y passe des choses étranges…

Isabelle Febvre
Vous m’intriguez… Est-ce que les sœurs auraient une autre activité que
l’éducation ?

René
Oui. Je crois qu’elles travaillent pour les renseignements.

Isabelle Febvre
Vous plaisantez ?

René
Non, Madame Febvre. Chaque semaine, les sœurs me demandent d’expédier leur courrier pour Rome.

Isabelle Febvre
Elles envoient des lettres en Italie ?

René
Oui. Il y a de cela trois ans, j’ai ouvert l’une de ces lettres.

Isabelle Febvre
Oh, René, vous auriez pu vous faire prendre !

René
Je voulais savoir ce que les sœurs cachaient… Alors, j’ai enquêté.

Isabelle Febvre
Qu’avez-vous découvert ?

René
La lettre contenait des renseignements sur les parents d’une des fillettes.

Isabelle Febvre
Obtenus de quelle manière ?

René
C’est ça qui est terrible. Tout ici est fait pour conditionner ces jeunes filles.

Isabelle Febvre
Ah, je vois… Par le silence, n’est-ce pas ?

René
Exactement. On empêche des enfants de parler pendant une semaine et chaque dimanche, après la messe, la Mère Supérieure convoque dans son bureau les fillettes. Elle les oblige à se confesser. Les gamines qui n’ont pas parlé à un adulte pendant une semaine se confient, c’est bien normal.

Isabelle Febvre
Et j’imagine qu’après avoir parlé de leur pêchés, les petites parlent de leurs parents.

René
Exactement…

Isabelle Febvre
Je n’imaginais pas qu’il pouvait se passer ce genre de choses par ici… Mais que fait Rome de ces renseignements ?

René
Elle les archives, j’imagine…

Isabelle Febvre
Oui mais à quelle fin ?

René
Je vous laisse faire vos propres déductions, Madame Febvre.

Isabelle Febvre
Du chantage !

René
C’est ce que je pense, moi aussi mais je n’ai aucune preuve…

Isabelle Febvre
Je n’aime pas l’idée des écoles hors-contrat et je ne reviendrai pas sur mes convictions.

René observe le caramel que tient Isabelle entre ses mains.

René
Ah ! Je vois que vous avez rencontré Durha.

Isabelle Febvre
C’est une très gentille jeune fille.

René
Oui, mais elle est bien seule. Bien seule… Comme moi, je le suis depuis que j’ai quitté le Castel.

Isabelle tend le bonbon à René.

Isabelle Febvre
Tenez…

René
Merci…

René mange le caramel.

Isabelle Febvre
Parlez-moi de vous, René. Qu’avez-vous fait ces dix dernières années ?

René
J’ai trouvé ce travail assez rapidement.

Isabelle Febvre
Je suis contente. Vous n’avez donc pas manqué d’argent.

René
Non. J’ai fait attention à ne jamais me retrouver sans le sou.

Isabelle Febvre
Avez-vous rencontré une femme ?

René
Non… Et vous, comment se passe la vie au Castel ?

Isabelle Febvre
Parfaitement bien.

René
J’ai appris que vous aviez cherché à vendre le Castel peu de temps après mon départ.

Isabelle Febvre
Oui mais nous n’avons pas trouvé d’acquéreur.

René
Vous aviez même quitté Cannes pour aller vivre dans les Pyrénées, n’est-ce pas ?

Isabelle Febvre
Nous voulions refaire nos vies là-bas, mais…

René
Les choses ont mal tourné, n’est-ce pas ?

Isabelle Febvre
Très mal… Bertrand est devenu…

René
Violent, c’est cela ?

Isabelle Febvre
Oui… Un peu fou…

René
J’ai toujours senti cela en lui.

Isabelle Febvre
Un temps, j’ai cru qu’il changerait… et puis il s’est mis à voir des choses qui n’existaient pas.

René
Est-ce qu’il fait du mal à vos enfants ?

Isabelle regarde l’étendue gelée.

René
Est-ce qu’il brutalise vos enfants ? Madame Febvre, vous pouvez sans
doute demander l’aide de la police.

Isabelle Febvre
Je ne peux pas le dénoncer… Il me tient…

René
Comment cela, il vous tient ?

Isabelle Febvre
Il a fait des choses durant la guerre… Des choses terribles. Je ne l’ai pas dénoncé et aujourd’hui, il est trop tard. Je suis sa complice.

René
Vous aviez peur de lui. Tout le monde le comprendra !

Isabelle Febvre
Mes enfants vivent dans un magnifique château. Je ne peux pas leur ôter ça…

René
Mais leur père est dangereux…

Isabelle Febvre
Moi, je suis lâche, c’est guère mieux…

René
Si, si, justement, c’est bien mieux !

Isabelle Febvre
Si tout se déroule comme mon mari l’a prévu, mes enfants hériteront de son entreprise… Ils ne manqueront jamais d’argent.

René se lève, déçu. Il s’approche de la plaque de glace.

René
Les fillettes aiment patiner dans la cour de récréation en fin de semaine. Vous les verrez certainement en faire, samedi. Je suis sûr que ces enfants s’amusent plus que les vôtres.

Isabelle Febvre
Je ne suis pas une mauvaise mère, René, si c’est ce que vous pensez…

René
Ne cherchez pas à me convaincre. Je vous crois… Mais il vous reste encore quelques efforts à fournir. Vous voyez ce que je veux dire ?

René tend sa main à Isabelle. Il la fait avancer prudemment sur la glace.