Comme toi, ma lecture s'est faite sans effet de surprise puisque j'avais déjà lu ce volume, mais j'en ressors encore plus conquis que la première fois (et mention spéciale à l'édition française, de qualité et très fidèle à l'originale - l'expression "chevalier du ciel" m'a pas choqué, je trouve que ça fonctionne bien).
La plus grande qualité du manga, à mon sens, c'est sa simplicité : autant dans les enjeux immédiats des personnages, qui se décident vraiment d'un chapitre à l'autre, que dans leur caractère et dans la relation entre Asa et Kasuga. On retrouvait déjà un peu cette dimension-là dans Mujirushi mais il était trop contraint par le sujet et par le format en one-shot.
Du coup, ça fait vraiment du bien de voir Urasawa prendre le temps, autant dans sa narration que dans le développement des personnages, qui développent une relation crédible et touchante parce qu'ils apprennent justement à se connaître au fil des chapitres et des épreuves. Et malgré cette simplicité retrouvée (à l'image finalement de la naïveté enfantine très touchante d'Asa), Urasawa reste toujours aussi doué pour achever ses chapitres sur des rebondissements ou des annonces qui font enchaîner au plus vite avec le suivant. Niveau graphisme, c'est aussi impressionnant de maîtrise, autant sur les visages que sur les décors et les doubles pages assez dingues de réalisme, on a vraiment l'impression "d'assister" aux scènes, notamment dans celle où Asa s'émerveille de voler.
C'est assez marrant aussi de voir comment Urasawa revient ici à la recette du vieux briscard et de la petite gamine amenés à former un duo improbable, qui lui avait permis de saisir une voie possible vers le succès avec ses premières histoires courtes, ou encore de voir ses souvenirs traumatisants d'athlétisme occuper une telle place! En plus d'Asa et de Kasuga - son chapitre flashback est vraiment excellent, le meilleur du volume à mon sens -, j'aime beaucoup également la galerie de personnages secondaires mis en scène à ce stade, de Kinuyo au propriétaire de l'avon. Il n'y a que Shôta qui me paraît légèrement creux pour l'instant, même si sa famille est assez drôle.
Bref, le sous-titre de "feuilleton manga" est parfaitement adapté à la série, c'est simple, prenant, et ça donne une furieuse envie de lire la suite sans vraiment savoir où on va, ce qui est une belle prouesse vu que le côté "déjà-vu" et/ou "ficelles à la Urasawa" de Billy Bat était assez présent et gênant. D'ailleurs, je ne sais pas pour toi Wang (ou pour les autres), mais je trouve que le mystère sur la fameuse créature et l'enjeu de Tokyo 2020 est vraiment relégué au second plan, on sent que ça va être un fil rouge - et on a envie de savoir ce qui relie Asa à la créature - et ça annonce forcément des sauts dans le temps, mais autant dans 20th ou Billy Bat, on sentait que c'était l'un des enjeux principaux, autant là ça donne limite l'impression qu'Urasawa a repris ce concept pour rester raccord avec le présent, mais que finalement c'est un prétexte pour se concentrer sur le coeur d'Asadora : les péripéties d'Asa au quotidien (et vraisemblablement au fil des époques).
Vivement la suite