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#4513 par Gon
09 oct. 2007, 16:03
Je viens vous parler d'un manga que j'apprécié énormément, je viens vous parler de "The world is mine", d'Hideki Arai, auteur aussi connu pour "Ki-itchi !!". Pour tomber dans les stéréotypes, le manga est hyper-violent. Il peut donc en choquer certains.
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Ayant lu aupravant des oeuvres "pires", rien ne m'a choqué, mais l'édition, ici Casterman via Sakka, n'arrête pas de le répéter et de s’excuser de cette violence.

C'est donc une série en 14 tomes, terminée au Japon, en cours de parution en France (8 tomes à ce jour). C'est un seinen, pur et dur.

C'est donc l'histoire de deux pieds nickelés, totalement fêlés, Mon-chan et Toshi. Alliés envers et contre tout (quoi que...), ils posent des bombes artisanales sous forme d'extincteur un peu partout sur leur passage, au Japon. Les morts s'accumulent.
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En parallèle, on suit l'histoire d'Higumadon ("ours brun" en japonais), monstre inconnu. Il serait donc question d'un ours géant, arrivé dans cette région n'abritant pas d'ours habituellement par la mer (eh oui, un ours qui nage !!!). Rien qu'à voir la taille de ses pattes, les autorités enquêtant sur ce cas présume un monstre faisant au moins huit mètres. Imaginez la bête.


L'histoire, bien que pouvant parraître sans énorme scénario, est juste excellente. L'auteur vous met directement dans l'ambiance, une ambiance noire. Les deux "héros" se foutent totalement des morts, notamment Mon-chan, qui vous donnera des scènes de violence énormes (attaquer un comissariat à coup de lance-roquettes, c'est pas rien ^^).
D'un autre côté, Higumadon paraît... monstrueux (c'est le cas de le dire). On ne voit pas son visage, mais les quelques scènes où il apparaît sont simplement gores, sans scrupules. Je vous passerais notamment le détail du massacre d'une école maternelle, passage vraiment appréciable (oui, je m'assume, j'adore les scènes "dures") mais particulièrement dure à encaisser.
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Malgré tout, un suspens règne. Que va faire Higumadon ? Mon-chan a t-il trouvé un adversaire à sa hauteur ? Va t-on le voir un jour ? Quel lien unie les deux ‘’amis’’
L'auteur nous montre un Japon déconstruit et noir, juste énorme. Cela se retranscrit très bien par les personnages, machiavéliquement bons.

En parlant des personnages, c’est véritablement le gros point fort du manga.
Comme dans sa précédente oeuvre, Arai n’hésite pas à torturer ses personnages et les montre dans de différentes formes, toutes plus bizarres les unes que les autres. Des visages souvent assortis de sécrétion ou de liquide (sang, bave, morve et j’en passe). On voit des personnages moches, des airs de fou et des visages psychédéliques. Ca change des mangas habituels.
Concernant les deux personnages principaux, Toshi et Mon-Chan, ils sont véritablement énormes. L’un à tout du petit ''fils à papa’’, bien élevé, calme et réfléchi, il n’est guère difficile de déceler derrière l’apparence proprette de Toshi les stigmates de l’ultra-moderne solitude. Un personnage extraverti, looser et faible, qui essaye vraisemblablement de trouver une quelconque puissance dans les bombes. Un personnage timide, introverti, et qui pourrait bien nourrir un complexe d’infériorité dont il cherche à s’éloigner avec sa force provenant des explosifs.
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Mon-chan, lui, est tout le contraire. Il a tout de la bête. Visage de fou, réactions imprévisibles, le genre de personnage qui peut tout faire, à tout moment (jusqu’à aller se rendre à la police sur un coup de tête, puis revenir dans un bâtiment pour leur lancer une roquette de pleine face). Il laisse cours à ses pulsions, autant meurtrières que sexuelles, et c’est un personnage vraiment et totalement diférent de Toshi, à l’extrème opposé. Le passage, notamment, où il dit vouloir être roi, montre bien sa folie : il dit ça comme ça, en renversant tout chez ses hôtes et n’en a que faire des autres. Mégalomane ? Fort envisageable.
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La question qu’on se pose, c’est que font-ils donc ensemble ? Pour l’instant, je ne sais pas. On pourrait croire au départ de l’aventure que Toshi est un ‘’esclave’’ de Mon-chan, mais il n’en est rien. On se rendra compte que Toshi reste auprès de son partenaire car il lui aurait fait une... ‘’promesse’’. On sent Toshi soumis, mais il n’en est rien. Mon-chan a lui aussi besoin apparemment de Toshi, si bien qu’il le dénoncera à la police avant d’aller le secourir. La véritable nature de leurs relations sont encore inconnues... On pourrait aussi penser au début que Toshi est timide et vraiment introverti, sage, mais on le retrouvera aussi barjo que son compère, face horrible d’un personnage en noir et blance. Deux personnages opposés et conplémentaires, qui ont besoin chacun de l’autre.
Concernant Higumadon, les scènes où il apparait sont ma foi excellentes elles-aussi. On ne l’a pas encore vu, mais il ressemble clairement à un ours. Quelque fois, le mangaka vous montre un petit morceau de vie paisible quelque part au Japon (une récrée de maternelle, où encore un couple en voiture sur l’autoroute). Et là, sans explication, Higumadon arrive. Le ressenti n’en est que plus grand. Ces personnes n’ont rien fait, sont calmes et paisibles, et elles meurent, comme ça. Gore, c’est sur, mais rien qu’à voir cela, l’ambiance ressort de plus et on tremble d’effroi. Les deux personnages principaux sont hinumains, et la nature a décidé de se venger... bestialement.


Certains, c’est sur et certains, diront que ce manga est mauvais, est qu’il ne fait que mettre en scène des personnages débiles et moches, le tout dans une violence gratuite extrème.
L’infime différence entre violence gratuite et critique sociale n’est pas facilement définissable, mais on est bel et bien ici dans une critique sociale sur fond de terrorisme. On verra un premier ministre on peut plus pourri, des personnages fous mis dans en face d’un monde pas fait pour eux. La violence gratuite n’est rien, juste quelquefois difficile à encaisser, mais elle n’est pas grauite pour un sou (remarquez le subtil jeu de mot ^^).

Le dessin n’est pas magnifique, mais reste détaillé et appréciable, permettant de bien retranscrire les attitudes et visages psychédéliques des personnages. Certes, oui, il ne va pas bien avec l’ambiance, ne correspond pas extrèmement bien au gore du manga, mais le trait devient très différent lors des scènes d’action (voir les explosions) et se retrouve finalement beau.
Il n’y a pas de bonus, mis à part l’habituelle biographie de l’auteur, et heureusement. Les bonus sont faits pour rajouter de l’humour (tout du moins généralement), et il ne serait pas le bienvenu dans une oeuvre de ce type.


Me concernant, j’ai adoré. L’oeuvre frappe fort, où il faut, la violence est de mise. Je prends cette série comme une critique sur fond de terrorisme absolu, dans un Japon en déroute. Tout m’a séduit. Le seul défaut peut-être que j’aurais pu trouver vient de quelques passages parfois incompréhensibles, surement une explication plus tard. Simplement séduit, une rentrée en fanfare dans ma mangathèque, et qui y restera longtemps.


Bref, un manga très prometteur et imprévisible que je vous conseille, si vous vous accrochez et que vous ne vous limitez pas au refrain de la violence gratuite. En clair, The World is mine mériterait bien l’avertissement suivant : "Nuit gravement à la santé mentale". Comme un gage de qualité.

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#4517 par Personne
12 oct. 2007, 11:02
C'est marrant mais y'a quelque chose d'urasawa dans le style graphique... non?

Ben ça a l'air sympa, si j'ai l'occase de lire ça je le ferais...

#4544 par mycea
05 nov. 2007, 01:27
hum...je sais pas, j'avais été attirée par la couv du manga, puis en le feuilletant par contre ça m'a bloquée... sais pas, trop violent pour moi, et puis je l'ai trouvé froid, la mise en page tout ça...
Enfin bon faut voir.Je suis pas une référence non plus...