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#10577 par mycea
14 avr. 2010, 13:33
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Cette BD est signée du talentueux Fabien Vehlmann, un gars des Landes auquel on doit, entre autres, Le marquis d'Anaon, Les géants pétrifiés - one shot spirou-, Jolies ténèbres, Seuls et La nuit de l'inca) - le one-shot Spirou et La nuit de l'inca sont des must !
... et de Gwen de Bonneval, un gars de Nantes pour sa part. Il a signé le superbe Gilgamesh (adaptation de la première épopée du monde) et le terrible La Vierge froide et autres racontars (en preview sur bédéthèque)

L'histoire ?
(un copié-collé de l'excellent synop bédéthèque palliera à ma flemme)

Dans un futur lointain, l’univers a révélé de nombreuses autres civilisations, regroupées dans la « Communauté Universelle ». Ces espèces, très différentes les unes des autres, cohabitent tant bien que mal. Elijah fait partie de la Police Philosophique et doit, à ce titre, régler les conflits qui se produisent, dus le plus souvent à une méconnaissance des habitudes de l’Autre. Un différend a d’ailleurs éclaté entre les Ganédons et les Aleph 345, un conflit ancien, souterrain, qui met en péril l’équilibre même de l’univers.
Pourtant, Elijah est en proie au spleen depuis que son meilleur ami a mis fin à ses jours en décidant de ne plus transférer sa mémoire dans les corps clones qui permettent aux hommes d’être quasi immortels. Pourquoi mourir quand on peut vivre éternellement ?


Mon avis

Voilà une bande dessinée qui explore avec finesse et intelligence les multiples possibles de la science fiction. Pour moi qui affectionne ce registre, c'est un vrai bonheur que de tomber dessus. Bien sûr, il y a Moebius qui a fait de la Sf différente... mais ils ne sont pas si nombreux...

On croit avoir tout fait, tout dit en SF. C'est pourtant loin d'être le cas : on tournerait plutôt même en rond dans le domaine depuis le formidable Star wars de Georges Lucas. Avant cette apogée cinématographique, d'autres films avaient fait l'expérience d'une SF intimiste : dans les années 70, les dessins animé de René Laloux (voir les superbes La planète sauvage et Les maîtres du temps) en étaient l'aboutissment semble-t-il. Quoiqu'il ne faille pas dédaigner le chef d'oeuvre méconnu du même Lucas, THX 1138. Et puis bien sûr il y a eu Blade Runner, dont j'attends toujours la succession.

Car il y a quelque chose de l'abstraction et de la sobriété d'un THX dans Derniers jours... le graphisme et les décors sont épurés, les personnages ont quelque chose de mécanique dans leur fonctionnement - ils sont immortels, peuvent à loisir changer de forme et d'apparence (âge notamment) et fabriquer autant de copies d'eux qu'ils le désirent.

On a donc quelque chose d'un univers utopique tel que peut nous le décrire un Zamiatine ou un Orwell, mais au lieu de faire du message politique une priorité (aujourd'hui on ne peut plus rebattue) c'est le côté pilosophique de la question de la vie qui retient l'attention des auteurs.

Pour autant l'oeuvre de Velmann et Bonneval n'a rien du traité philosophique, pas plus que de la masturbation intellectuelle. On ne tombe jamais dans l'ennui de la réflexion car le conte philosphique est toujours secondé par une enquête policière finement menée : le héros principal enquête, cherche des solutions à un problème qu'on lui soumet et ce faisant il s'interroge sur lui-même. Cercle vicieux pour le lecteur car une telle quête ne peut le mener qu'à lui-même ! La question de la vie, de la mort mais avant tout celle de l'humain sont posées de manière fine et intelligente : peut-on tuer un immortel ? Peut-on vouloir ne jamais mourir ? Quelles sont les relations entre individus quand le corps est une donnée changeante ? Comment aime-t-on alors ? Peut-on aimer ? Peut-on vouloir des enfants ? De quoi se souvient-on ? Comment se confronte-t-on à l'autre puisqu'on peut l'assassiner sans le tuer, puisqu'on peut attendre n'importe quel point de l'univers en une seconde ?


Et que dire du graphisme, propre et maîtrisé, adapté à l'histoire tel un gant de velours. Une bichromie bienvenue pour ce récit clair et très structuré. ça se lit et ça se relit avec le respect dû aux grands livres.

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>> édité chez Futuropolis... Superbe mais la beauté a un prix (20 euros)
#10639 par effer
16 avr. 2010, 13:34
Je n'ai pas lu Le dernier jour d'un immortel, mis ce que tu en dis m'intéresse beaucoup.
Par contre j'ai vraiment aimé La Vierge froide et autres racontars , très original: des trappeurs passent une longue nuit polaire au Groenland. La BD retrace les récits recueillis par Jön Riel, histoires vrais, fantasmes d'hommes seuls, sans femme, dans la nuit.
C'est truculent, sombre, ou fou, mais cela ne laisse pas indifférent. :)
#10654 par mycea
16 avr. 2010, 19:11
Niveau qualité, son Spirou, tu le positionnes comment par rapport à "Journal d'un ingénu" ?
Absolument pas comparable mais aussi bon :D je t'aide ?

en fait, c'est un de mes préférés... Un spirou décomplexé, drôle et aventureux.

Je n'ai pas lu Le dernier jour d'un immortel, mais ce que tu en dis m'intéresse beaucoup.
Par contre j'ai vraiment aimé La Vierge froide et autres racontars , très original: des trappeurs passent une longue nuit polaire au Groenland. La BD retrace les récits recueillis par Jön Riel, histoires vrais, fantasmes d'hommes seuls, sans femme, dans la nuit.
C'est truculent, sombre, ou fou, mais cela ne laisse pas indifférent. :)
tout à fait d'accord avec toi ;)