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#23030 par Wang Tianjun
12 mai 2011, 14:44
Cette semaine je vous fais découvrir Sprite, série qui a un léger intérêt pour nous autres Urasawiens puisqu'elle est signée par Yugo Ishikawa, ancien assistant d'Urasawa...

Je pense qu'elle peut faire le bonheur de certains ici présents (ceux à l'esprit le plus tordu :nyark: )

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Fiche Technique :
  • Auteur : Yugo Ishikawa
  • VO : édité chez Shogakukan depuis 2009, 5 volumes (en cours)
  • VF :édité chez Kazé Manga depuis mai 2011, 1 volume (en cours)
  • Fiche de la série sur Manga-News
Des flocons noirs tombent du ciel. Alors qu'elle vient prendre des nouvelles d'un ami d'enfance, Yoshiko est la seule à les voir. Le soir-même, la jeune fille, accompagnée de deux amies, rend visite à son oncle habitant au quarante-deuxième étage d'une tour surplombant Tokyo. Mais c'est au même moment que la ville est dévastée par un violent séisme, suivi d'un tsunami surgi de nulle part, d'un noir d'encre lui aussi. Bloqués en haut de cette tour semblant être la dernière partie émergée de la mégalopole, Yoshiko, ses amies et les survivants du cataclysme s'organisent pour sauver les blessés.... et chercher à comprendre ce qui vient de se produire. Et si ce cataclysme n'était que le prélude à des évènements encore plus perturbants ?

C'est avec ce synopsis rappelant, hélas, les tragiques évènements au Japon du 11 mars dernier, que nous découvrons Sprite, série de Yugo Ishakawa. Si l'éditeur Kazé a insisté sur le fait que l'auteur était un ancien assistant de Naoki Urasawa, c'est en cachant une carrière très prolifique, bien qu'encore méconnue en France. Du même âge que l'auteur de Monster, Ishikawa a débuté sa carrière en 1985 et raconte autant des histoires de tranche-de-vie, d'arts martiaux, de fantastique,... Ici, nous rentrons donc dans un univers entre la survie et l'horreur, sans oublier un aspect surnaturel particulièrement prononcé.

A peine avons-nous eu le temps de découvrir l'héroïne et son caractère altruiste que déjà, Tokyo bascule dans l'horreur. C'est donc dans l'adversité et la panique que nous apprendrons à découvrir les caractères, souvent peu glorieux, des protagonistes. Si Urasawa dépeint des portraits humanistes, Ishikawa présente avant tout le désespoir, l'égoïsme, l'agressivité, le regret d'une douleur irréparable... tant de facettes si négatives qui se mêlent si bien à l'ambiance très sombre de la série. On s'arrêtera plus particulièrement sur l'oncle de Yoshiko, sortant de dix ans de jeu en ligne et en proie à une certaine folie... ou lucidité, c'est au choix.

Après l'intense phase d'introduction cédant à la panique, il faudra rapidement se remettre de ses émotions, alors que surgissent les mystères autour de cette eau noire qui a envahie les lieux. Ce liquide dispose de propriétés terrifiantes, que certains découvriront en payant le prix cher. En constituant à la fois une mystérieuse menace et un rempart infranchissable, elle fait basculer le récit non pas dans un scénario catastrophe mais dans un huis-clos oppressant et mystique, à rapprocher d'un Dragon Head. Si certaines réponses ne tardent pas à poindre, et que la situation avance vite, on est à la fois confus et très intrigué par la finalité du phénomène. Certaines questions métaphysiques apparaissent, rappelant sur certains points le célèbre Akira de Katsuhiro Otomo. En sortie de volume, le lecteur aura surtout hâte de voir où le récit peut encore le mener... et les possibilités sont nombreuses !

Le trait d'Ishikawa semble parfaitement concorder avec l'ambiance de la série, en renforçant le côté sombre et légèrement malsain du titre. Si les visages peuvent paraitre déséquilibrés, notamment pour les personnages les plus âgés, cela renforce leurs bassesses morales et leur vécu. Il n'en reste pas moins que le résultat est assez inégal, le trait se voulant tantôt trop réaliste, tantôt trop léger. Si certaines scènes d'action ont du mal à être retranscrites, le style graphique gagne néanmoins en intérêt sur des passages bien plus angoissants. Au final, si le dessin n'est pas le point fort du titre, on s'en contente pleinement tant il s'accorde au propos. Du côté de l'édition, il n'y a pas grand-chose à redire si ce n'est un encrage parfois trop prononcé et gênant la lisibilité générale. Mais devant une série au sombre tant dans le fond que dans la forme, il était difficile de trouver un bon équilibre.

Au final, ce premier tome de Sprite nous remue les tripes en imposant rapidement et brutalement ses mystères, dans une séquence introductive très réussie et nous mettant directement au cœur de l'action. La série promet déjà de très grandes intrigues et des mystères complexes qu'il nous tarde déjà de comprendre. Cependant, le portrait très sombre des survivants peu enclins à l'entraide et la noirceur du titre pourraient repousser plus d'un lecteur. Toujours est-il que le titre pourrait trouver un écho particulier du fait de l'actualité, en nous faisant réfléchir sur les conséquences de telles catastrophes. Et vous, que feriez-vous ?
#23168 par Drucci
17 mai 2011, 14:59
J'aime bien les scénarios catastrophe (même si pour le coup la similitude avec la catastrophe japonaise est un peu dérangeante) et le fait que ce soit un ancien assistant d'Urasawa (même si d'après ta fiche de présentation c'est plus un argument commercial qu'autre chose vu qu'il a l'air d'avoir eu une vraie carrière indépendamment d'Urasawa) titille encore plus ma curiosité!

Si je le trouve avec Happy! demain je le prendrai sans hésiter. :merci:
#23206 par Drucci
17 mai 2011, 21:40
Ca y est, je l'ai lu!

Et j'ai plutôt bien aimé, au point d'avoir envie de lire la suite (ce qui est un "exploit" en soi vu que tous les mangas que j'avais commencé récemment m'avaient pas donné envie d'aller plus loin). J'aime bien le style graphique globalement, mis à part quelques effets (informatiques j'ai l'impression?) bizarres utilisés assez souvent.

Au niveau de l'histoire c'est très "barré" et bien mystérieux même si on a déjà une explication (qui ne fait que rajouter au mystère en fin de compte). Mais l'ambiance est clairement réussie, les personnages assez attachants et on a hâte de lire la suite surtout vu la révélation de fin de volume.

Enfin le seul point négatif qui m'a gêné c'est le côté "SD" ou humour qui m'a paru déplacé à plusieurs reprise.

Mais globalement ça se lit d'une traite, c'est prenant, original et on veut lire la suite donc vivement le tome 2!
#23501 par Rodrinho
28 mai 2011, 12:55
Je viens de le finir et c'est cool.
A la base, je m'attendais à un truc genre catastrophe naturelle, style Tokyo Magnitude 8, mais le truc du "temps", ça en fait un truc assez ouf. Et ces gosses sur le toit...
Je suis plutôt impatient de connaître la suite.
#24240 par jojo81
02 juil. 2011, 17:07
J'ai beaucoup aimé le premier tome de Sprite. J'accroche complétement aux personnages, du geek un peu taré, à la jeune fille bien franche (c'est le minimum que l'on puisse dire).
L'histoire est bien ficelée. Cette touche fantastique avec l'eau noire et les enfants qui paraissent droit sortis d'Akira m'a bien plu.
Et puis il y a une référence au manga précédent de l'auteur à travers le téléphone de l'héroine.
#24979 par jojo81
29 juil. 2011, 17:09
D'autres ont lu le tome 2 ?

"Il n'y a aucun espoir de retour... On est tous condamnés à vivre ici..."

Le premier tome se terminait sur un cliffhanger laissant envisager que les protagonistes de Sprite ont fait un bond dans le temps. On aura la confirmation de ce phénomène dès le début du second opus. Sû et ses compères sont donc coincés en 2060, dans un Tokyo différent de celui qu'ils connaissent. Ce nouveau monde ne tranche pas radicalement avec l'ancien. C'est juste qu'il est dégradé. Les bâtiments sont en ruines, le sol est fissuré et surtout, il n'y a pas un chat dans les rues. Enfin pas un chat, c'est vite dit, parce qu'il ne faudra pas attendre longtemps pour voir les protagonistes de Sprite se faire attaquer par des insectes géants.

L'un des Lost Children se fait enlever par ces créatures improbables. Pendant qu'un groupe, parmi lequel on retrouve Sû, part en expédition pour le sauver, un autre reste à l'hôtel. Sû et ses compagnons se retrouvent donc à la poursuite des monstres dans les sous-terrains de Tokyo. C'est un passage marquant car le lecteur s'imprègne du huit-clos ressenti par les personnages. De plus, on apprend une révélation importante sur le passé de l'intrigante héroïne. Les personnages restés à l'hôtel font quant à eux une rencontre inattendue. Des habitants pour le moins bizarres de ce nouveau Tokyo vont les accueillir de manière quelque peu brutale.

A l'image du premier volume, on retrouve plusieurs références à différents manga et jeux vidéo. Avant tout, Yugo Ishikawa fait référence à Kappa no Kaikata, son premier succès (le manga a été adapté en série animée et en jeux vidéo) encore inédit en France. Elles sont visibles sous le rétroviseur de la voiture de yakuza (page 64) et sur les jeux Wii dans l'hôtel (page 157). L'auteur fait également allusion à la Playstation 5, à Doraemon ou encore à la série Gundam. Ce genre de détails est très plaisant à souligner quand on apprécie l'univers du manga et des jeux vidéo.

La narration de ce volume prend plusieurs directions sans que cela soit confus. Il y a bien sûr quelques maladresses mais elles sont gommées par le fait qu'on ne devine pas où l'auteur nous mène. Entre le voyage dans le temps et les insectes géants, la touche de surnaturel est importante dans Sprite. On ajoute à cela un virus mystérieux comparé à la peste, et une dose de mysticisme dont on ignore si elle va prendre de l'importance, et on obtient un mélange savoureux. Ce second tome confirme que nous sommes face à une très bonne série.
#24994 par Drucci
29 juil. 2011, 17:52
D'autres ont lu le tome 2 ?
Je viens de le finir et j'ai bien aimé, même si je suis un peu déçu parce qu'on n'est pas forcément plus avancé sur la teneur de l'univers dans lequel se trouvent les héros, et on n'en sait pas plus sur le pourquoi du comment (même si l'histoire du vieillissement accéléré semble être une piste).

Enfin, heureusement, le tome reste prenant et se lit très vite, et il reste assez dense niveau contenu. Le personnage du yakuza est bien charismatique et mystérieux (la scène des vers m'a surpris : c'est un "délire" que l'ex-assistant d'Urasawa partage avec lui - cf la scène de 20th où Manjûme voit des vers après s'être drogué - ou bien un code récurrent japonais pour montrer qu'un perso est shooté?), l'héroïne montre un aspect de sa personnalité jusqu'ici inédit mais qui promet (la révélation sur son passé m'a un peu déçu par contre, c'est trop prévisible).

Enfin graphiquement j'ai du mal avec les scènes d'action où les bestioles apparaissent en flouté/photoshopé, ça jure un peu avec le reste des dessins (même si c'est l'effet recherché).

Bref, à la fin du volume j'avais envie de lire la suite donc la mission est accomplie, y a moyen de développer un univers mémorable!
#25008 par Hitsuji
29 juil. 2011, 21:12
Un très bon tome 2, même si la page de fin est gâchée d'entrée de jeu par la quatrième de couv' (merci Kazé è_é).

Déjà, le supposé yakuza est directement rentré dans la catégorie perso préféré de la série.

Sinon, on étoffe un peu l'univers dans lequel sont plongé nos héros, (grâce aux JT)
Spoiler : :
Mais il manque encore clairement des explications, car, à priori, la maladie semble elle aussi lié au "Temps"...
Sinon, j'ai aussi trouvé les scènes d'actions confuses, voire illisibles... =/ Gros bémol.

Mas c'est clair qu'on a un mélange intéressant, reste à savoir ce que ça va donner par la suite. Pour l'instant, je n'ai pas encore l'impression que les choses sérieuses aient réellement commencé...
La suite en octobre. =)
#25010 par Hitsuji
29 juil. 2011, 21:30
Un très bon tome 2, même si la page de fin est gâchée d'entrée de jeu par la quatrième de couv' (merci Kazé è_é).

Déjà, le supposé yakuza est directement rentré dans la catégorie perso préféré de la série.

Sinon, on étoffe un peu l'univers dans lequel sont plongé nos héros, (grâce aux JT)
Spoiler : :
Mais il manque encore clairement des explications, car, à priori, la maladie semble elle aussi lié au "Temps"...
Sinon, j'ai aussi trouvé les scènes d'actions confuses, voire illisibles... =/ Gros bémol.Difficile à suivre clairement, à comprendre ce qui se passe. Déjà, c'est très sombre, mais avec les effets de flou, les onomatopées japonaises et françaises, franchement,c 'est la pagaille.


Mais c'est clair qu'on a un mélange intéressant, reste à savoir ce que ça va donner par la suite. Pour l'instant, je n'ai pas encore l'impression que les choses sérieuses aient réellement commencé...
La suite en octobre. =)
#26479 par jojo81
18 oct. 2011, 05:22
J'apprécie toujours autant la manière qu'a l'auteur de se faire référence à lui même :D

Tome 3:

"Pourquoi vous ? Mais parce que vous fuyez le "temps" et que c'est un acte impardonnable..."

Après s'être faits attaquer par un tigre, les trois jeunes héroïnes et le yakuza continuent leur excursion afin de retrouver les maisons des demoiselles. Arrivés chez Kiriko, cette dernière trouve des notes que sa mère lui a laissé. Elles relatent des faits se déroulant de la disparition de Kiriko jusqu'à une vingtaine d'années plus tard. De cette manière le lecteur obtient quelques explications et confirmations sur les événements passés. Sû quant à elle se souvient clairement de la scène où son frère a disparu lorsqu'elle visite son ancienne maison. Il apparaît que trois des Lost Children étaient de la partie. Si cette révélation lève le voile sur certains comportements, Tokio, le petit frère de Sû, est plus mystérieux que jamais.
Par la suite, les habitants de 2008 se sont enfin fait à l'idée qu'ils devraient vivre en 2060. Alors que les terribles Riki et Gaku bloquent la supérette de l'hôtel, Tsushima, le yakuza au grand cœur, décide de partir chasser afin que ses compagnons d'infortune puissent se nourrir.

Yugo Ishikawa, l'auteur, enchaîne les événements les uns aux autres très rapidement, ce qui pourra déstabiliser certains lecteurs. En effet, le fait qu'il ne développe pas assez les différentes scènes du manga peut être extrêmement frustrant. Mais, d'un autre côté, ça permet de mettre du rythme au récit et ça rend l'avenir de Sprite difficilement prévisible. D'autant plus que le mangaka ajoute une dose de mystère à chaque fois qu'il fait une révélation.
Les quelques maladresses du scénario, inhérentes à tout récit traitant de voyage dans le temps, se font malheureusement de plus en plus sentir. Espérer que l'auteur laisse des zones d'ombres pour nous les expliquer plus tard tient de l'utopie.

A côté de ça, Yugo Ishikawa continue à faire des références. Encore une fois il place un clin d’œil à son manga précédent, Kappa no Kaikata, à travers une casquette. Sauf que cette fois-ci c'est bien plus qu'une simple référence puisqu'il s'agit d'un élément clef du récit. Mis à part sa précédente œuvre et l'interminable Kochi Kame, l'auteur ne parle pas de manga dans ce troisième volume. Néanmoins on apprend que, à l'instar de Shugo Chara, les noms des héroïnes sont tirés de Candies, un célèbre girls band japonais des années 70. Si l'auteur parle moins de "culture otaku", il fait quelques références peu subtiles à la littérature.

En définitive, malgré des maladresses l'auteur continue à nous passionner. Cela grâce à une intrigante héroïne, un schéma narratif dynamique et des situations haletantes. On peut cependant espérer que l'auteur calme l'action au cours des prochains tomes afin de développer les personnages et l'univers de Sprite.


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